Nouvelles technologies logistiques : à quoi ressembleront les entrepôts de demain ?

Améliorer la productivité, tout en réduisant la pénibilité au travail, les délais de livraison, les coûts de transport et les émissions de CO₂ : l’entrepôt fait face à des enjeux majeurs. Il doit à la fois être plus performant, moins coûteux et moins polluant. Pour répondre à ces problématiques, il se réinvente grâce aux nouvelles technologies. Les innovations technologiques modifient les circuits « traditionnels » et transforment la chaîne de valeur. Robotique, Big Data, intelligence artificielle : l’entrepôt opère, lui aussi, sa transformation digitale. La chaîne logistique met à profit les solutions numériques pour améliorer les flux d’informations entre ses différents acteurs, dont l’entrepôt est un élément central. Des technologies de rupture sont en phase d’expérimentation afin de rendre les entrepôts intelligents et collaboratifs. Loin d’être une utopie, c’est une nécessité. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants et volatiles, la concurrence accrue. Pour les entreprises, en particulier pour les activités e-commerce, la pression est forte : elles doivent sans cesse améliorer leur efficacité, leur réactivité et leur qualité de service. C’est ce vers quoi tend l’entrepôt de demain, grâce à l’implémentation de nouvelles technologies logistiques.

L’entrepôt connecté intelligent

L’entrepôt de « demain » est un centre logistique connecté et intelligent. Pour cela, il cumule les innovations technologiques afin d’améliorer les performances globales de la chaîne logistique. Intelligence artificielle, Machine learning et objets connectés (IoT ou « Internet of Things« ) sont les trois technologies principales qu’utilisent les entrepôts 4.0.

L’entrepôt logistique connecté est plus agile, plus flexible et plus réactif. Pour cela, il doit être doté d’un puissant système d’informations, aussi avantageux aussi sur le plan interne qu’externe.

En interne, les objets connectés (IoT) donnent des informations précises, en temps réel, sur les actifs. Ce sont des capteurs dont sont équipés les rayonnages et qui sont reliés au système d’informations de l’entrepôt. Ainsi, les objets connectés remplacent les inventaires physiques qui, réalisés ponctuellement, sont sujets à l’erreur humaine, en plus d’être chronophages. La communication constante, et non plus ponctuelle, contribue à réduire les écarts entre la réalité physique et les données du système d’informations.

Les objets connectés ne sont pas les seuls à améliorer les performances logistiques. L’intelligence artificielle et le Machine learning, combinés à la Big Data, permettent d’interpréter un grand nombre de données pour réaliser des analyses prédictives. Les algorithmes deviennent capables d’apprendre d’eux-mêmes. Par exemple, ces technologies peuvent anticiper des besoins et prédire les ressources nécessaires à un pic d’activité. Couplés à un système de QR Code, de tag Bluetooth, de RFID ou de reconnaissance vidéo, l’entreprise dispose d’une visibilité efficiente et en temps réel sur ses stocks. Ces outils de tracking prennent en compte tous les flux au sein de l’entrepôt. Les actifs sont géo-localisables à tout moment. Grâce à cela, l’entreprise peut anticiper les ruptures de stock et mieux gérer ses approvisionnements. En somme, grâce à une gestion optimale des flux logistiques, aussi bien d’informations que physiques, l’entreprise est capable de prendre de meilleures décisions.

Grâce aux données qu’elles collectent, ces technologies permettent aussi d’optimiser le remplissage des camions. Elles limitent ainsi le transport à vide, coûteux pour une entreprise logistique. Ce remplissage intelligent rend l’entrepôt également moins polluant. Lorsque les camions sont remplis de manière optimale, l’entreprise effectue un nombre de trajets moindre. Elle réduit donc ses émissions de CO₂ et son impact environnemental.

En externe, les technologies intelligentes permettent de faciliter les échanges de données entre fournisseurs et clients. C’est un écosystème collaboratif : l’entrepôt connecté intègre à la fois sa propre base de données et une autre, en open source, qu’il rend accessible à ses clients et partenaires commerciaux. Ces derniers ont ainsi accès à des données précises sur leurs commandes, mises à jour en temps réel. C’est un point essentiel, surtout avec l’essor de l’e-commerce. Les clients sont de plus en plus exigeants, en particulier concernant la traçabilité, un critère clé.

La robotique collaborative

Dans certaines entreprises logistiques, il est déjà fréquent de croiser des machines robotisées (robots de manutention, chariots autonomes…). Les robots collaboratifs, aussi appelés « cobots » représentent la prochaine étape. Ils pourraient devenir ordinaires dans les années à venir, car ils répondent à deux enjeux majeurs : le gain de productivité pour l’entreprise et la réduction de la pénibilité pour les opérateurs.

Les robots collaboratifs seront capables d’attraper des articles en vrac pour préparer une commande, de réaliser un colisage et de transporter des marchandises. Ils assisteront les opérateurs pour effectuer les tâches les plus répétitives et pénibles à leur place. Les opérateurs pourront alors se concentrer sur des missions à forte valeur ajoutée (de contrôle, par exemple). Cela limite ainsi le risque d’accidents du travail, liés notamment à des troubles musculo-squelettiques (TMS).

La cohabitation entre hommes et machines intelligentes contribuent non seulement au bien-être des salariés, mais améliorent aussi les performances de l’entreprise. Elle consomme moins de main d’œuvre et les robots offrent la possibilité d’accélérer les cadences de préparation des commandes. Ils disposent d’une force accrue et peuvent réaliser les tâches les plus fastidieuses en des temps plus courts. Au sein d’un entrepôt, le bénéfice est donc double.

L’Institut national des sciences appliquées (INSA) travaille sur ces solutions robotisées intelligentes. Les ingénieurs y développent aussi des exosquelettes. Ce sont des structures mécaniques que peuvent porter les opérateurs. Cette deuxième « ossature » contribue, elle aussi, à réduire la pénibilité des tâches. Elle évite de solliciter excessivement les muscles et les articulations des opérateurs logistiques, et, par conséquent, les TMS.

La réalité augmentée

La réalité augmentée ou « Virtual Reality » (VR) est déjà utilisée dans certains entrepôts lors des opérations de picking. Grâce à des lunettes VR, l’opérateur voit se superposer des éléments graphiques à la réalité physique des racks. Ces informations permettent une gestion plus efficace des stocks, et limitent à plus forte raison le risque d’erreurs.

La réalité augmentée vient en complément des technologies « pick-to-light » déjà existantes. Cette solution numérique est un outil d’aide à la préparation de commande. Lorsqu’un opérateur doit sélectionner des articles, une balise lumineuse positionnée sur le rack, au niveau de ceux-ci, s’allume. Le système d’informations guide ainsi l’opérateur vers l’actif à sélectionner. Associée à un système de géolocalisation indoor, la réalité augmentée contribue à l’optimisation des chemins de picking. Les cadences et de fait la productivité sont améliorées.

L’entrepôt de demain est un hub. En se digitalisant, il améliore considérablement les performances de l’entreprise. Dotée de systèmes intelligents, elle est plus sûre pour ses salariés et plus compétitive. Ils lui permettent donc de se distinguer de ses concurrents. L’entrepôt 4.0 assure un gain de productivité et une réduction des coûts substantiels à moyen terme. En étant connecté en réseau aux autres acteurs de la chaîne logistique, l’entrepôt permet des échanges de données constants et performants. Cela suppose une architecture informatique puissante, mais surtout ultra sécurisée. Pour assurer l’efficacité de leur système, et à plus forte raison celle de l’intégralité de la Supply Chain, les entreprises doivent prendre les mesures adéquates en matière de cyber-sécurité. C’est un point stratégique et essentiel pour toutes les entreprises connectées.

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